LE CONGO DOIT CHANGER DE DESTIN AU PLUS TARD EN AOUT 2016...> /font>

L'INITIATIVE CITOYENNE, ATOUT MAÎTRE DANS L'ALTERNANCE DEMOCRATIQUE

1024x768 bestfit 150 copieRENCONTRE A PARIS DANS LE CADRE DES ACTIVITES PREPARATOIRES DES "1ères Assises Nationales du Congo pour l'Alternance Démocratique

Les congolaises et congolais qui se sont réunis ce samedi 3 mai autour d’une table ronde dans la capitale française ont fait le pari d’une alternance démocratique au Congo, où le parti au pouvoir veut rester maître du jeu politique (Article de Marie Hélène SYLVA publié sur www.mlnsylva.wordpress.com).

Partir du peuple pour penser l’avenir du Congo Brazzaville et s’inspirer des « success stories » des pays africains en matière d’alternance démocratique afin de préparer la période post second mandat présidentiel de 2016 : tels sont les axes du premier événement public dans la nouvelle dynamique des « forces vives » de la diaspora congolaise.

1024x768 bestfit 156 copieCet événement  est la première table ronde organisée samedi 3 mai 2014 à l'IREA-La Maison de l'Afrique, à Paris par le Comité Préparatoire des "Premières Assises Nationales du Congo pour l'Alternance Démocratique". Ce premier grand rendez-vous qui regroupait une élite d'une cinquantaine de personnes avait pour thème « l'alternance démocratique en Afrique ». C'était l'occasion de présenter le projet des « Assises » qui se tiendront du 7 au 10 juin 2014 à Paris. L'économiste Noël Magloire NDOBA, coordinateur adjoint chargé des Commissions Thématiques dans le Comité Préparatoire desdites Assises voit cette manifestation comme « une concertation responsable, un premier pas dans le cadre d’un processus qui aboutira aux Assises Nationales ».

Le Comité Préparatoire a voulu pour cette première rencontre prendre connaissance du processus démocratique qui a permis à l’Afrique du Sud de tourner la douloureuse page de l’Apartheid dans la stabilité politique. Il s’agit, selon les organisateurs, de constituer, malgré les spécificités de cette transition, une grille de lecture qui pourrait être utile dans l’analyse prospective sur le devenir du Congo.

Une transition non violente est possible à travers l’union des forces populaires

Pourtant quatrième producteur de pétrole au sud du Sahara, le Congo qui compte à peine 4 millions d’habitants est en proie à de graves problèmes de pauvreté selon les observateurs. À l’heure où la volonté populaire de démocratie a fait vaciller des régimes autoritaires à travers le monde et particulièrement en Afrique, il a paru pertinent pour les forces vives de la diaspora congolaise en France d’encourager un échange de pratiques synonyme de réussite. En Afrique du Sud, le président Mandela a choisi de n’effectuer qu’un seul mandat après avoir été élu démocratiquement par l’ensemble des sud-africains. Il a passé la main après avoir réussi une transition pacifique avec l’ancien régime raciste alors même que la Constitution lui permettait de se faire réélire. Mais n’est pas Madiba qui veut. Deux ans avant la fin du second mandat de l’actuel président Denis Sassou Nguesso, les congolais de la Diaspora redoutent une réforme de la Constitution par celui-ci pour briguer un troisième mandat.

Fort de son expérience sud-africaine, le philosophe franco-burundais Nestor Bidadanure, journaliste, essayiste et spécialiste de la résolution des conflits a exposé les caractéristiques de la transition démocratique qui s’est opérée en Afrique du Sud au lendemain de l’Apartheid. L’expert a souligné l’importance de la réconciliation entre l’ancien pouvoir oppresseur et le peuple sud-africain notamment à travers la Commission Vérité et Réconciliation. Parlant de l’aspect stratégique de la lutte de l’ANC (parti politique de Nelson Mandela qui le mena au pouvoir), M. Bidadanure a pointé la nécessité de créer un rapport de force qui part du peuple.   « L’objectif de l’ANC était d’abord d’unifier le peuple noir d’Afrique du Sud » a-t-il soutenu. Il s’agit donc pour le Congo, « pays avant-garde des mouvements progressistes », d’adopter une organisation stratégique et intelligente. Cependant, cette unité du peuple ne peut se faire de manière spontanée. Elle doit passer par une éducation politique des congolais. Il faut de ce fait, mettre en place « un mouvement de masse unifié » comme en Afrique du Sud pour fédérer autour de la lutte contre le pouvoir oppresseur. Par ailleurs, le combat contre l’Apartheid a su profiter d’une opinion publique internationale, qui peut aujourd’hui constituer un atout non négligeable pour l’opposition politique congolaise d’aujourd’hui. Le Congo détient dans son sous-sol des richesses qui intéressent bon nombre d’investisseurs étrangers. Les mobiliser serait particulièrement bénéfique pour le mouvement de lutte pour une alternance démocratique car l’instauration de la démocratie est un gage important de stabilité économique. L’hésitation des investisseurs après la guerre qui a secoué le Congo-Brazzaville en 1997 peut en apporter la preuve. Ils ont été sourds aux incessantes sollicitations de Sassou, très peu disposés à prendre des risques qu’ils jugeaient inutiles. Faire pression sur la communauté internationale pourrait donc permettre un rééquilibrage des forces.

Tous les participants ont noté l’obligation de proscrire les violences politiques qui n’ont pour résultante que la souffrance du peuple. De plus, M. Bidadanure n’a pas manqué de rappeler l’importance de la philosophie ubuntu qui a prédominé dans le processus de réconciliation. Cette pensée qui enseigne que l’on peut vaincre sans humilier, a valu au peuple sud-africain de devenir ce qu’il est aujourd’hui malgré la violente époque de l’Apartheid.

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 L’ « inclusivité » comme force démocratique

En sa qualité d’essayiste et documentariste le congolais Lascony Nysymb qui a participé à la réalisation du film documentaire « Commission Vérité et réconciliation » en Afrique 

du Sud, diffusé en son temps sur Arte, a également apporté sa contribution à la table ronde. Il a pour sa part mis en exergue l’exigence d’aller au-delà des luttes intestines. Il a aussi regretté le nombre important d’initiatives et de projets prises par la diaspora congolaise en France mais qui n’ont pas abouti du fait d’un manque d’idées fortes et de convictions sincères. « On affiche des ambitions pour le pays mais dès que le pouvoir fait miroiter un poste, on retourne sa veste ». Il a également rebondi sur le parallèle, entre la Conférence nationale du Bénin et celle du Congo, qu’a fait l’ancien ministre de l’économie congolaise, Jean-Luc Malekat, coordinateur de la Commission préparatoire des Assises du Congo. Selon M. Lascony, l’amorce d’un véritable processus de démocratisation passe par l’inclusion de toutes les couches sociales, tous les visages de la société. Le rôle de Monseigneur Isidore de Souza a été déterminant dans la réconciliation du peuple béninois avec le pouvoir despotique. Il faut noter qu’au Bénin, l’Église catholique a dénoncé la souffrance des béninois face aux exactions du président Kérékou. D’autres pays africains qui ont suivi l’exemple du Bénin ont également fait appel à des hommes d’église pour présider leur « Conférence Nationale ». C’est le cas de la RD Congo avec Monseigneur Pasinya ou encore du Togo avec Monseigneur Kossi Fanoko.

Par ailleurs, M. Lascony a mis en garde contre l’utilisation du terme « tribalisme », instrumentalisé par les dirigeants du pays, ce qui gangrène la société congolaise. « La violence est surtout politique ». En d’autres termes, ce sont les politiques qui utilisent les différences ethniques pour mieux assujettir la population congolaise.

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Cette table ronde s’inscrit dans la préparation de ces assises et sera suivie d’une autre rencontre le samedi 10 mai prochain. Les organisateurs envisagent d’explorer dans une prochaine table ronde l’expérience des « Assises Nationales du Sénégal » qui furent organisées en 2008 et 2009 sous la présidence de Makhtar Mbow ancien Directeur Général de l’UNESCO et ancien ministre sénégalais. La rencontre portera sur un thème tout aussi d’actualité : « L’alternance démocratique est une condition de la paix et de la sécurité en Afrique Centrale ».En tout état de cause, la rencontre de samedi a été une occasion d’écouter de grandes personnalités de la société congolaise. De grands noms ont intervenu dans le débat à l’instar d’Édouard Sathoud, diplômé de l’ENA et Sciences Po Paris et qui fut pendant plusieurs décennies vice-gouverneur de la Banque des États d’Afrique Centrale. Le juriste universitaire Mary-Albert Colelat a également contribué aux discussions en partageant son expérience fort enrichissante. Deux personnages qui feront partie du comité d’honneur mis en place dans le cadre des « premières Assises Nationales du Congo pour l’alternance démocratique ».

Un « Plaidoyer » sera publié sur le site de l’organisation www.assisesnationalesducongo.com qui sera opérationnel le 10 mai au plus tard. Ce document reprend les  principales orientations et ambitions de la nouvelle plateforme des « forces vives » congolaises.

Marie Hélène SYLVA

www.mlnsylva.wordpress.com

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